plus fort. Par exemple, au marché d’Étampes, les acheteurs se dirent un beau matin : « On a toujours taxé le blé contre nous ; aujourd’hui, de notre autorité privée, nous le taxons pour nous. » C’était voler le laboureur, qui certes, en 91, n’était pas riche.
Le maire de la ville osa défendre la liberté commerciale et les principes de la saine économie politique : on l’égorgea sur le marché. Vers le même temps, à Paris, les faubourgs s’avisaient de taxer l’épicerie à leur guise, et tous les petits marchands furent ruinés en un jour. Mais ces actes de violence, quoique impunis par l’Assemblée législative, n’avaient aucun caractère légal. Deux ans plus tard, la Convention organisa légalement la ruine de tout le commerce par les lois de l’accaparement et du maximum. Etait accapareur quiconque dérobait à la circulation les denrées de première nécessité : grains, farines, pain, vin, viande, comestibles, fer, cuir, drap, étoffes. Quiconque en possédait une certaine quantité était tenu, sous peine de mort, de la mettre en vente, au détail, et les autorités fixaient le prix maximum de toutes choses. Et l’on était accapareur à bon marché, car le Girondin Valazé, dans son rapport à la Convention, dénonça Louis XVI comme un accapareur de blé, de sucre et de café.