années, avait pressenti et presque adopté la grande idée que nous acclamons aujourd’hui ; mais personne, pas même un Turgot, ne pouvait la fonder. Un pouvoir qui n’a d’autre raison d’être que son existence même s’étaye, bon gré mal gré, sur ce qui s’élève autour de lui. Les faits, les droits, les vérités, les erreurs, tout concourt à sa solidité accidentelle ; il voit des points d’appui dans tout ce qui l’environne ; il n’ose toucher à rien de peur d’ébranler par un faux mouvement quelqu’une de ses bases. Le seul gouvernement qui puisse mettre en question les erreurs les plus accréditées est celui qui ne saurait être mis en question lui-même parce qu’il fonde sa légitimité sur le suffrage universel.
Presque toujours, presque partout, les décisions du pouvoir retardent plus ou moins sur l’opinion publique. Dans la circonstance présente, nous avons vu l’horloge des Tuileries avancer manifestement sur le pays. Il est certain que plusieurs changements accomplis sous nos yeux dans l’économie sociale ont surpris nombre de citoyens et inquiété pour un moment certains intérêts.
C’est que nous sommes nés au milieu d’un ordre factice et illogique ou même inique en bien des choses. Un homme de bon sens arrivant aux affaires sans préjugés d’éducation, sans idées préconçues, devait être frappé de cette confusion écono-