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miens : contentez-vous d’ouvrir la porte aux métaux dont je me sers, et vous protégerez utilement pour moi l’industrie nationale !

— Halte-là ! répond le maître de forges. Si l’on admet les fers de l’étranger, il faudra que j’éteigne mes fourneaux. Laissez-moi le monopole de mon industrie ; permettez seulement que j’importe en franchise les minerais et les combustibles qui sont mes instruments de travail.

— Non ! cent fois non ! répliquent les actionnaires des mines et des charbonnages, et les propriétaires des forêts. Est-ce que notre industrie est moins digne de protection que les autres ? Or nous sommes perdus si l’on permet aux étrangers d’importer l’abondance et la baisse au milieu de nous ! »

Étourdis par un tel concert, il n’est pas surprenant que les hommes d’État se soient laissés aller à taxer toutes les importations, ou presque toutes. Sous un régime de tutelle qui concentrait pour ainsi dire l’initiative et la responsabilité des peuples aux mains du chef, le chef croyait bien faire en accordante chaque industrie le genre de protection qu’elle réclamait. La masse des consommateurs, dévorée par tous ces privilèges, n’en savait pas assez long pour remonter aux causes de son mal, et d’ailleurs elle n’avait pas voix au chapitre.

La vieille économie sociale appuyait le système