préfèrent une cabane sur le plancher des vaches au plus magnifique steamer ballotté par la houle.
A mesure que les sociétés se sont assises, on a vu croître la prudente multitude des travailleurs sans ambition qui préféraient le certain à l’incertain. Longtemps avant que les calculateurs eussent dégagé la grande conception de l’Assurance par division des risques, on savait s’assurer individuellement contre l’élément aléatoire qui met toujours en question la récompense du travail. Lorsqu’un homme a reconnu par dix années d’expériences que la moyenne de ses salaires est de 1500 francs, il s’estime lui-même à sa valeur industrielle et dit : Je suis un homme de 1500 francs par an. Si je travaille à mes risques et périls, le total de mes bénéfices, ou mon salaire, s’élèvera dans les bonnes années jusqu’à 3000 francs peut-être, mais il se peut aussi que dans une année malheureuse je ne gagne absolument rien. De quoi vivrai-je alors ? Des épargnes que j’aurai faites au préalable. Mais si la mauvaise année se présente avant la bonne, je n’aurai pas un centime par devers moi ; il faudra que je meure de faim ? Assurons d’abord notre existence.
C’est donc l’instinct de conservation qui porte nombre d’individus à préférer le salaire modeste mais fixe aux gros salaires aléatoires.