Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/269

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procité. L’emprunteur compte prendre au moins trois fois plus de poissons au filet qu’à la ligne ; sinon il ne serait pas venu proposer le contrat. S’il ne s’est pas trompé dans ses prévisions, il se trouvera encore en bénéfice après avoir payé le service rendu.

Supposez qu’au moment où l’on a cassé la tirelire, lorsque les cent francs bien comptés s’étalaient sur une table et que le petit capitaliste méditait sur leur emploi, le voisin soit venu lui dire : « Prête-moi ton argent, et je te le rendrai l’année prochaine. » Le possesseur légitime répondra : « Cet argent est le fruit de mes épargnes ; je ne l’ai amassé qu’à force de privations, et je ne me serais pas privé si je n’avais eu quelque jouissance en vue. Je compte l’échanger contre un filet ou contre un autre engin perfectionné qui rende mon travail plus lucratif et moins dur. Pourquoi te céderais-je un avantage que je me suis donné au prix de maints efforts ? Pourquoi ajouterais-je à ton travail une plus-value qui est légitimement acquise au mien ? Si je t’abandonne le profit de mes peines et de mes privations passées, donne-moi quelque chose en échange. — Mais, répond l’emprunteur, ton argent ne fera pas de petits. — Si tu le laissais dans un tiroir, non ; aussi personne n’emprunte pour le stupide plaisir de thésauriser. Mais tu vas acheter de mon argent