Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/284

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ouvrière aussi grande que le monde civilisé. Il ne s’agit de rien moins que d’associer tous ceux qui travaillent de leurs mains, en Europe et en Amérique, pour obtenir partout à la fois la hausse des salaires. Un grand conseil, véritable gouvernement de la main-d’œuvre universelle, décréterait et soutiendrait la grève partout où elle lui paraîtrait utile ou juste. Si ce plan grandiose arrive à l’exécution, ni les entrepreneurs ni les consommateurs de Paris ne pourront recourir à la production étrangère pour rabattre les prétentions du travail national ; le mot d’ordre sera donné partout, et il aura force de loi.

J’admire sincèrement cette organisation, et je crois qu’en des mains habiles elle réaliserait en peu d’années la hausse de tous les salaires. Reste à savoir si les ouvriers seraient sensiblement plus riches, et j’affirme que non.

Supposez qu’une grève bien conduite et bien soutenue ait doublé le prix de la main-d’œuvre en faveur de tel ou tel corps de métier. Les cordonniers, par exemple, obtiendront de vendre dix francs le travail qu’ils livrent pour cinq. Qu’en résultera-t-il ? Que le consommateur, c’est-à-dire tout le monde, payera les souliers plus cher. Or les chapeliers qui ne marchent pas pieds nus, et qui veulent avoir leur budget en équilibre, senti-