Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

derait aux mines d’Anzin six mille tonnes de charbon, à 10 francs les 1000 kilos, pour les débiter sans bénéfice à six mille sociétaires parisiens.

Pour qui sait les prix du charbon et du vin chez les détaillants de Paris, ces deux opérations paraissent admirables. « Quoi ! nous pourrions avoir le charbon de terre à 50 centimes les 50 kilos ! Le vin naturel ne nous coûterait plus que 10 centimes le litre ! »

Attendez. Il s’agit d’ajouter au prix d’achat les frais de transport et l’impôt qui sur les vins à bon marché est de 200 pour 100 et davantage. Il faut ensuite louer un magasin général et une vaste cave. Est-ce tout ? Malheureusement non. Les prolétaires n’ont pas le temps de courir à Neuilly ou à la Râpée chaque fois qu’il leur faut un panier de charbon ou une bouteille de vin. Leur temps vaut de l’argent ; il importe que les marchandises d’usage quotidien viennent les trouver chez eux, ou du moins les attendent au coin de la rue. Il sera donc indispensable que les sociétés de consommation dont il s’agit aient presque autant de dépôts dans la ville qu’on y rencontre de charbonniers et de marchands de vins. Il faudra que la société loue des boutiques, qu’elle salarie des comptables, des manœuvres, des surveillants, un personnel plus oné-