Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/326

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qu’elle mérite, le problème du prolétariat, qui passait naguère pour insoluble, est résolu en principe dès aujourd’hui et en fait avant trente ans.

Mais d’ici là, les travailleurs honnêtes et prévoyants qui vont se priver de leurs aises et se refuser quelques douceurs dans l’intérêt de la génération suivante, ne recueilleront-ils aucun fruit d’un si beau dévouement ? Est-il juste que le présent se sacrifie absolument à l’avenir ? Non certes.

L’homme qui a pris soin d’assurer trois mille francs sur sa tête devient par cela seul, au bout de quelques années, une valeur négociable. Il vaut plus cher sur la place que le prolétaire pur et simple. Avant son assurance, il aurait difficilement trouvé un voisin assez généreux pour lui avancer cent francs à 5 pour 100. C’est folie de confier le capital le plus modeste à l’homme qui possède ses bras pour tout avoir et qui peut mourir d’un jour à l’autre. Mais si ma mort tardive ou prématurée doit ouvrir de plein droit une succession de 3000 fr. ; si la loi m’autorise à céder par acte authentique une moitié de cette somme, mon crédit personnel, c’est-à-dire l’estime que j’ai su inspirer, se double d’une garantie réelle. Le prêteur sait que je m’acquitterai moi-même, si je vis, et que la mort m’acquittera, en cas de malheur. On peut donc, sans