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générations, les lions, expulsés de l’Europe, n’ont plus de domicile qu’en Afrique. La distance qui vous en sépare vous permet de les regarder comme indifférents.

Lorsqu’un homme adroit, brave, exercé, accomplit au péril de sa vie ce petit travail qui consiste à loger une balle entre les yeux d’un lion, l’animal n’est plus nuisible ni même indifférent et inutile. Sa peau brute vaut plus de cent francs ; on en fera une descente de lit.

Supposez qu’au lieu de foudroyer la bête, un chasseur plus prudent, par un travail beaucoup plus compliqué, la fasse prisonnière et l’amène à Marseille dans une cage de fer. Le lion, rendu sur le quai, vaut une dizaine de mille francs.

Et si par un travail encore plus savant et plus long, un dompteur, un Batty apprivoise la terrible bête, le lion vaut trente mille francs pour le moins. La nature en a fait un animal dont on meurt ; le travail vient d’en faire un gagne-pain, une chose dont on vit.

Toutes les races d’animaux domestiques qui nous donnent leurs services, leur lait, leurs œufs, leur laine et jusqu’à leur chair, ont commencé par être farouches, c’est-à-dire par mettre entre elles et nous une distance qui les rendait parfaitement inutiles. Le travail ne les a pas seulement