et des pays où les hommes n’attachaient plus qu’une valeur insignifiante à leurs possessions et répandaient leur sang même comme de l’eau, tant le despotisme d’un Tibère avait déprécié toutes choses. Un hectare de terrain vaut cent fois plus dans le plus maigre canton de la France que dans le paradis le plus fertile de l’Abyssinie, parce que la propriété est aussi fortement garantie chez nous qu’elle l’est peu dans ce royaume d’Afrique.
Chez les peuples les plus civilisés de l’Europe, il est facile de constater qu’un bruit de guerre, fût-il sans fondement, déprécié tous les produits du travail. Pourquoi ? Parce que la guerre, outre qu’elle fait partout des ruines, remet en question les choses les mieux acquises ; il n’y a de biens solides qu’en temps de paix.
C’est pourquoi tous les hommes qui ont pour industrie d’assurer contre la destruction les produits de notre travail sont les collaborateurs de la production générale. L’avocat qui défend vos droits, le législateur qui les formule, le magistrat qui les consacre, le gendarme qui les venge, sont producteurs au même titre que le laboureur et l’ouvrier des villes. Prendre un loup qui vous mangeait un mouton chaque nuit, c’est ajouter trente moutons par mois à votre bergerie. Les soldats qui protègent nos frontières contre l’é-