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un coup de cent mille francs vous paraît riche à première vue. Il semble qu’en passant d’une caisse dans une poche ce capital n’ait rien perdu. En effet, si le malfaiteur pouvait aller chez un agent de change et prendre pour cent mille francs d’actions ou d’obligations, le capital aurait changé de main sans décroître d’un centime.

Mais le premier mouvement d’un voleur est de cacher une partie de son argent ; le second est de gaspiller tout ce qui lui en reste. Pourquoi cacher ? Pour cent raisons. D’abord parce qu’il craint la justice et que l’argent trouvé sur lui serait une pièce de conviction. Ensuite, il a probablement des complices ; s’il faut partager avec eux, ce n’est plus cent mille francs qu’il aura, mais cinquante ou vingt-cinq, suivant le nombre. Le peu qu’il a gardé lui pèse horriblement ; il court le dépenser au plus vite, d’abord pour s’étourdir, ensuite pour se débarrasser.

L’argent a moins de prix à ses yeux qu’aux yeux d’un honnête homme, parce qu’il n’est pas sûr de le garder, parce qu’il n’a pas travaillé pour l’avoir, parce qu’il croit pouvoir en voler d’autre quand il aura dépensé celui-là.

L’obligation de se cacher lui interdit les placements sérieux, réguliers, utiles. Pour rien au monde il ne se présenterait chez un banquier,