Page:About - Alsace, 1875.djvu/20

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tale, et l’appliquant à son profit contre la France, tracer une ligne pacifique, sans garnisons ni forteresses, depuis Bâle jusqu’à Luxembourg. S’il eût créé une nouvelle Suisse à nos dépens, l’unité, la grandeur et la prospérité du nouvel empire germanique se trouvaient garanties contre un retour prochain de la fortune. L’hégémonie prussienne, mieux abritée par une frontière inviolable que par toutes les forteresses du monde, avait des années devant elle pour consolider l’édifice qu’elle a échafaudé per fas et nefas en quelques mois.

Dans cette hypothèse, qui fut vraisemblable un moment, c’en était fait pour toujours de la vieille unité française. Deux millions de Français, émancipés sans l’avoir voulu, se seraient résignés à la longue. Les déchirures qui ont pour effet de créer un être autonome se cicatrisent naturellement. On ne se sépare pas sans regret d’une patrie aussi belle et aussi glorieuse que la France, mais il n’est pas humiliant de n’appartenir qu’à soi-même, de se donner les institutions les plus libérales de l’Europe, de vivre sur sa propre richesse, de se soustraire aux charges d’un passé ruineux et aux menaces d’un avenir tout noir d’orages, de former