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ALSACE.

Dans la foule qui allait et venait autour de Sainte-Odile, je reconnus un jour Auguste Bartholdi, le statuaire de Colmar : « C’est à vous que j’en ai, me dit-il ; vous ne connaissez pas le Haut-Rhin, il faut absolument que je vous en montre quelques échantillons. Ma mère vous attend, vous, Doré, et deux ou trois autres. Vous verrez un beau pays, une ville curieuse et les plus braves gens du monde. »

Je ne me fis prier que pour la forme, et je partis le jour même avec lui.

Les circonstances de ce petit voyage avaient-elles tourné mon esprit à l’optimisme ? étais-je devenu sans le savoir un disciple du docteur Pangloss ? Il se pourrait : je ne réponds de rien, je ne me charge pas de discerner dans mes premières impressions sur Colmar le subjectif de l’objectif. Ce que je sais pertinemment, c’est que la vieille cité du Haut-Rhin me laissa un souvenir sui generis, que je n’avais emporté d’aucune autre, quoique j’en eusse visité de plus antiques et de plus glorieuses. Non, vraiment, pas une ville de France ou de l’étranger ne m’a inspiré plus d’estime et de vénération.

Lorsque je tente d’analyser ce sentiment, je me heurte à des objections de toute sorte. Colmar n’a pas la majesté des grandes villes : comme étendue et comme population, c’est un quart de Strasbourg.