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ALSACE.

tournât de sa route ; le seul effet des apparitions princières était la pose d’une seconde sentinelle devant le vénérable hôtel des Deux-Clés. On savait déjà que l’option serait à peu près unanime, et l’émigration des meilleures familles avait commencé. La nouvelle du jour était la fière réponse du notaire Rencker qui aimait mieux sacrifier son étude que d’écrire un seul acte sur le papier timbré des Prussiens. La défection de quelques magistrats, fort rares, Dieu merci, soulevait un dégoût unanime. Si j’avais pu noter au vol tout ce que j’entendis ce soir-là sur le Camille Schlumberger, le Scheuch, le Dollinger, le Kern, le Muntz, les Klœckler et le Burguburu, j’éprouverais un plaisir d’entomologiste à piquer cette collection d’animaux rares dans une vitrine ad hoc. Mais la Ligue d’Alsace, en son treizième bulletin, m’a consolé de manquer de mémoire ; on ne me saura pas mauvais gré d’y choisir quelques types çà et là.

« Strasbourgeois de naissance, fils d’un ancien avoué enrichi par des spéculations douteuses, lauréat de l’École de droit, grand, maigre, blond, sans barbe, les lèvres minces, les yeux cachés par des lunettes, les habits trop courts, malpropre, laid, ridicule, possesseur à quarante ans d’une fortune de plus de deux millions, cet être sordide, que la presse française a déjà noté d’infamie, a trahi sa patrie par avarice. C’est pour la somme de sept mille