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ALSACE.

transition entre l’ancien régime douanier qui favorisait nos produits et le nouveau qui les proscrira demain comme étrangers. Nous ne nous plaignons de rien, nous n’accusons personne, nous ne parlons de la France qu’avec amour, nous baisons la main qui nous frappe après nous avoir donnés, parce que c’est la main de la patrie. Les Allemands ne nous ont pas bombardés, ils nous ont rançonnés avec une modération remarquable, car le total de leurs réquisitions tant en argent qu’en nature ne dépasse pas un million dans une ville de 60,000 âmes où les millionnaires se comptent par douzaines. Cependant tous nos hommes valides ont couru s’enrôler contre eux, et la paix de Francfort, en arrachant les armes de nos mains, n’a pas éteint l’ardeur de notre haine. Avouez que la France est la seule patrie assez belle et assez attachante pour qu’un peuple annexé d’hier s’identifie si cordialement avec elle. »

Faquin qui eût dit le contraire ! Nous étions tous du même avis.

À propos des réquisitions prussiennes, je recueillis dans cette soirée certains détails qui prendront quelque jour une place dans l’histoire.

L’ennemi ne s’établit pas d’abord à poste fixe chez les habitants de Mulhouse. Pendant tout près d’un mois, on le vit aller et venir, prendre ses