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COLMAR.

rouge, après avoir frappé la poitrine du colonel, tombèrent dans la boue.

Ce sacrilège exaspéra si bien les officiers du roi Guillaume, qu’un ou deux fanatiques du droit divin parlèrent de fusiller M. Dollfus.

— Oui, cria-t-il, fusillez-moi ! ayez le misérable courage de commander le feu contre un vieillard ! alors au moins le monde civilisé connaîtra qui vous êtes. Je n’ai que faire de la vie, et j’ai besoin qu’on sache à quelle race d’hommes est livré mon pauvre pays !

Les Prussiens furent-ils désarmés par ce courage ou simplement par le désir d’empocher 50,000 fr. ? ils ne fusillèrent personne, mais la réquisition fut payée jusqu’au dernier sou.

Elle fut même payée deux fois, car la ville n’a jamais donné ni un thaler ni une chemise à l’ennemi sans en envoyer tout autant soit à Belfort, soit à quelque autre garnison française. Cette comptabilité en partie double fait grand honneur à l’imagination et au caractère de M. Kœchlin-Schwartz, le meilleur Français de Mulhouse. Après avoir fait de son mieux pour repousser l’ennemi, Il fut le grand avocat des intérêts nationaux dans le conseil municipal et un groupe de gens de cœur s’y forma autour de lui par affinité morale. On peut dire que ces endiablés, jusqu’au dernier jour de la guerre, ne se lassèrent pas de renforcer et