Page:About - Alsace, 1875.djvu/245

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Non, je n’avais plus rien à faire en Alsace, mais j’y avais encore à voir, à apprendre et à souffrir. Le mouvement provoqué par l’échéance imminente du 1er octobre 1872 m’attira par cette sorte de fascination qui jette les hommes dans les gouffres. Je cédai à l’irrésistible et poignante curiosité de voir les drames de l’option, d’assister à l’émancipation des mineurs, de contempler le grand spectacle de cette émigration patriotique qui coupe en deux les familles les plus unies et fait le vide autour des patriarches navrés.

Ma chère et courageuse femme, qui est devenue en huit ans aussi Alsacienne que moi, voulut goûter sa part de cette amertume ; elle emporta de Paris à Saverne un enfant de cinq mois qu’elle nourrissait. Nos deux filles aînées nous supplièrent de les prendre avec nous ; elles sont nées là-bas, et à leurs yeux rien n’est plus beau, plus grand, plus admirable que cette humble maison perdue dans un coin de forêt.

Nous arrivions chez nous le 3 septembre au matin, par