Page:About - Alsace, 1875.djvu/26

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privoiser bientôt la bête peu farouche. Quant aux Français, victimes d’une guerre absurde dans son principe et insensée dans sa persistance, ils se demandent avec anxiété quels sont les sentiments des provinces conquises.

S’il leur était prouvé que la plupart des nouveaux annexés acceptent avec indifférence ou même avec résignation un changement de patrie, la revendication ne serait plus pour eux qu’une affaire de passion ou d’intérêt, elle n’emporterait pas le caractère impératif du devoir. Si, au contraire, il était reconnu que l’Alsace exècre la race allemande, que tous les annexés se désespèrent de n’être plus Français, qu’ils sont livrés à l’ennemi malgré eux, en expiation d’une grande folie nationale ; qu’ils payent avec douleur, par une sorte de privilège inverse, les plébiscites de 1851, 1852 et 1870, notre devoir strict, absolu, serait de préparer dès aujourd’hui leur affranchissement, d’y penser à toute heure, et de subordonner nos autres affaires à celle-là. La question d’opportunité resterait entière, naturellement ; il n’y a pas de devoir si urgent dans la vie qu’il faille y satisfaire par le suicide. Mais je crois puéril de montrer aux