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ALSACE.

bourg. Elle persuada sans peine à tous les niais de l’Allemagne que l’enceinte de la place allait être démolie derrière les nouveaux forts et que la ville s’étendrait d’un côté jusqu’à Schiltigheim, de l’autre jusqu’à l’Orangerie.

Le gouverneur général devait avoir un palais neuf sous les ombrages du Contades ; une infinité de jardins et de champs prenaient par cela seul une valeur nouvelle en devenant terrains à bâtir. Soit que les promoteurs de cette affaire invraisemblable fussent de bonne foi, soit qu’ils comprissent la nécessité de tromper leurs actionnaires par un commencement d’exécution, ils acquirent à tout prix un certain nombre de propriétés. Tel jardin de quinze cents francs se paya dix ou quinze mille, la maison Kammerer fut portée au prix fabuleux de cent cinquante mille francs ; la veuve Lips n’a pas voulu céder pour trois cent mille sa propriété, bien connue de tous les bambins de Strasbourg, et je doute qu’elle retrouve jamais pareille aubaine, car on ne parle plus d’agrandir une ville à moitié déserte, et la fameuse spéculation des terrains est à vau-l’eau.

Les habitants qui ont trouvé un bon prix de leur propriété n’ont pas manqué de se réfugier en France avec l’argent. Tous les incendiés qui peuvent réaliser leurs maisons, rebâties aux frais du vainqueur, prennent aussi la route de France. Les