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PHALSBOURG.

Après avoir cherché longtemps un visage de connaissance, j’ai trouvé finalement à qui parler. Je demande des nouvelles d’Émile Erckmann ; il est parti sans esprit de retour. Comment un tel français pourrait-il vivre en promiscuité avec une garnison allemande ? Son prétendu mariage, annoncé dans tous les journaux de Paris, n’est ni fait ni à faire. J’en étais sûr ; Erckmann n’épousera jamais que la Muse. C’est son cousin et son homonyme, Charles Erckmann, qui s’est marié avec mademoiselle Schwartz, de Strasbourg,

On me raconte que les indemnités du siège ont été intégralement payées, grâce à l’intervention du maire, homme d’esprit. Cette faveur n’a pas arrêté l’émigration ; la ville se dépeuple à vue d’œil, et les pauvres, comme partout, donnent l’exemple aux riches. Mon interlocuteur me montre un petit bout de rue, un peu plus grand qu’un salon du Marais, et me dit : « Il y a dans ce coin, huit familles qui vont partir ; et plus d’une ne sait pas si elle aura du pain, le jour de son arrivée en France.

— Ce n’est pas la misère qui les chasse ?

— Non ; c’est la haine de l’étranger. Ici les conditions de la vie matérielle seront plutôt meilleures, autant qu’il est permis d’en juger. Nous n’avons jamais eu de grandes industries, et le commerce n’était qu’un modeste détail, alimenté par