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ÉPILOGUE.

contempler de loin, dans cette cage grillée, un prisonnier arbitrairement arrêté comme moi, n’ont qu’à lever les yeux pour admirer et bénir l’auguste auteur de leurs misères.

Le gardien-chef, un Alsacien qui s’est trouvé trop pauvre pour rester Français, me fit monter au premier étage, et, en mettant la clef dans la serrure de mon logis, il me dit avec bonhomie :

— Il y a déjà un jeune homme dans la chambre ; j’espère que cela ne vous fait rien ?

— Mais cela me fait beaucoup, au contraire. Est-ce que je n’ai pas le droit d’être seul ? Vous aviez promis de me mettre à la pistole.

— Vous y êtes ; seulement nous n’avons que cette chambre en tout dans la maison, et, par malheur, elle est à demi occupée.

— Arrangez-vous pour m’en trouver une autre. Si c’est une question d’argent, je donnerai tout ce qu’il faudra.

— Vous m’offririez cent francs par jour au lieu des neuf sous que vous allez payer ici, cela ne rendrait pas la maison plus grande. Nous sommes à l’étroit et nous avons quatre-vingt-quinze détenus.

— Mais encore avec qui me logez-vous ? de quoi est-il accusé, ce jeune homme ?