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ÉPILOGUE.

M. Staedler ne l’avait peut-être jamais vu, lui qui a si bien réussi à le faire lire !

Un de nos amis les plus chers, M. Mallarmé, ancien bâtonnier de l’ordre, émigré à Épinal depuis l’annexion, m’assistait de sa vieille expérience qui n’était pas tous les jours rassurante. Il prévoyait des lenteurs infinies, et tâchait d’obtenir une mise en liberté sous caution, conformément aux lois de l’empire allemand. À quelque prix qu’on eût évalué ma pauvre personne, nous étions sûrs de trouver la somme en moins d’une heure. Déjà l’un des plus honorables banquiers de la ville, M. Klose, averti par M. Dollfus de Paris, était venu m’ouvrir sa bourse.

L’esprit public était d’autant plus animé qu’on se déshabitue aisément de voir ou de souffrir l’arbitraire, et que Strasbourg croyait avoir fini avec les arrestations illégales. Le procureur impérial, tâté par M. Mallarmé, répondit que la mise en liberté sous caution était inutile, puisque la solution définitive ne pouvait tarder huit jours. On ne vit guère dans cette parole qu’une fin de non-recevoir, et les optimistes les plus résolus s’en alarmèrent.

Sauf le tracas moral qui remplit ces trois derniers jours, la vie de la prison fut vraiment très-supportable. Ma femme était autorisée à me voir tant qu’elle voudrait ; elle partait de Saverne tous