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ALSACE.

vres, mais les débris, et il est rentré à Strasbourg sans une relique de son fils !

Aujourd’hui, l’annexion le chasse ; il ne peut pas finir sa vie au milieu de ces ennemis, dont la gloire lui coûte si cher. Il a opté, quoique tout son avoir en ce monde soit situé entre Colmar et Schlestadt, il s’est démis de ses emplois, il abandonne ses malades, dont la plupart sont ses amis ; il va chercher un autre climat, d’autres relations ; mais, dans ce désarroi de toute sa vie, il ne pense qu’à son fils.

— Ah ! disait-il en me quittant, vous ne saurez jamais ce qu’un homme peut souffrir.

— Je le saurai peut-être, car, moi aussi, j’ai un fils, et la génération dont il est a une rude besogne à faire.

— Ah ! vous avez… ? Eh bien, je souhaite que, vous et lui, vous soyez plus heureux que nous.

Nous nous serrons la main, et nous nous séparons sans oser nous regarder en face.

VII

L’aumônier catholique, M. Gerber, est un prêtre de soixante et quelques années, grand, sec, un peu voûté ; ses cheveux blonds et son accent