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LA RÉSISTANCE.

les autres sociétés closes. Aussi détournons-nous la tête sur le passage de l’ennemi, aussi lui fermons-nous toutes nos portes, et traitons-nous en pleutres tous ceux qui ont la plus indifférente et la plus banale complaisance pour lui.

« L’année prochaine, avant la date du 1er octobre, nous serons mis en demeure d’opter entre la Prusse et l’Allemagne. S’il s’agissait d’un vote, ou public ou secret, le vainqueur n’obtiendrait pas cinquante voix dans les deux départements de l’Alsace. Mais il n’y a pas de danger que les politiques de Berlin risquent une pareille aventure ; on nous tient, on nous garde. La question qui nous sera soumise dans un an n’a d’autre objet que de placer les propriétaires entre leur intérêt et leur patriotisme. Une rédaction ambiguë permet à l’ennemi d’expulser arbitrairement tous ceux qui resteront Français. Les autres deviendront Allemands malgré eux, et leurs fils seront condamnés à servir dans l’armée ennemie. Il n’y a pas un chef de famille que cette alternative ne fasse frémir ; la rouerie de certains diplomates et la naïveté de certains autres nous ont condamnés à un an de torture morale. Nous aimons nos maisons, nos terres, notre pays natal, mais nous aimons encore mieux la France et nos enfants. Pas un honnête homme ne se consolerait de voir son fils coiffé du casque à pointe, enrôlé sous les ordres