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BÂTONS ROMPUS.

N’ayez pas peur, sensibles abonnés : je ne veux rien casser sur le dos de personne. La campagne adoucit les mœurs comme la musique. N’est-elle pas un concert perpétuel ? J’entends d’ici le vent qui souffle dans la forêt, une petite chute d’eau qui rebondit sur la pierre, une poule qui pond, un chien qui jappe, un paon qui annonce la pluie, un cygne effaré qui patine en fouettant le bassin de ses ailes ; et tous ces bruits, qui feraient une cacophonie épouvantable entre la Seine et les boulevards, remplissent mes oreilles et mon cœur de la plus douce harmonie.

Lorsqu’en lisant mes journaux, à huit heures du matin, je vois des hommes de talent s’entr’égorger à coups de plume, je me reporte au temps, au jeune temps, où j’étais fou comme eux, et je me ris un peu de moi-même. Que restera-t-il dans dix ans de toutes ces querelles ? Qu’en restera-t-il dans