Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/12

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Dans cette déclaration cynique, comme dans la confession des femmes de bien, vous voyez que personne ne songe à donner tort a l’homme. Il me semble pourtant que dans la vie privée comme dans la vie publique, l’homme étant le législateur et le maître, doit être seul responsable de tout.

Les demoiselles en question sont cyniques, j’en conviens : elles corrompent la jeunesse, elles avilissent l’âge mûr, elles dégradent la vieillesse, et elles ruinent tout ce qu’elles touchent.

Cependant, je n’ai pas le courage de leur jeter la pierre.

D’où sortent-elles ? D’une classe que l’homme, seul législateur, n’a pas daigné instruire. L’homme s’est adjugé toutes les professions lucratives, leur laissant pour tout potage celles où l’on meurt de faim. Ignorantes et pauvres, elles ont toutes rencontré au début de leur carrière un homme qui les a séduites, ou un homme qui les a achetées. Dès ce moment, les hommes se les sont transmises de main en main ; elles n’ont été que de misérables jouets, maniés, torturés et détériorés par l’homme. Le gaspillage qu’on leur reproche serait une vengeance légitime, mais elles ne l’exercent pas en manière de représaille. Elles aimeraient mieux placer leur triste argent à la caisse d’épargne ; si elles le dépensent à tort et à travers, c’est qu’elles y sont forcées. Et par qui ? Par l’homme qui est sot et vani-