Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/125

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possible. Chacun des travailleurs crée là, dans sa journée, une valeur de 30 francs ; car enfin, si un bloc de fer estimé 500 francs le matin, a reçu des façons qui portent sa valeur à 3500, les cent ouvriers de l’usine ont bien créé 3000 francs qui n’existaient pas la veille. Mais, ont-ils créé tout cela par eux-mêmes ? Il s’en faut de beaucoup. L’outillage de la maison leur a donné un fier coup de main. Or, l’outillage est un capital, il représente plusieurs millions ; ces millions sont le fruit du travail et de l’économie de cinquante individus peut-être, qui trouvent juste de tirer profit de leur argent.

Si les cent ouvriers de l’usine, par un faux raisonnement que j’ai lu dans plus d’un livre, se disaient demain matin : « On nous exploite ! Chacun de nous crée trente francs par jour, et sur le fruit de nos labeurs on ne nous donne pas plus de cinq ou six francs par tête ! Il nous faut trente francs, ou nous ne travaillerons plus ! » S’ils calculaient ainsi, ils feraient une lourde sottise. Le capital se mettrait en grève à son tour, car ce n’est pas pour leur plaisir que les millions s’aventurent dans l’industrie. Et le même ouvrier qui gagnait des journées de six francs, grâce au secours d’un puissant outillage, verrait que par ses propres forces il crée à peine deux ou trois francs par jour.

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