Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/147

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Mais j’insiste sur la question d’urgence, et j’ai mes raisons pour cela. Si l’intérêt de l’ouvrier veut qu’il fasse des économies et point de dettes, votre intérêt aussi est de prévenir les effets d’une grève prolongée. L’ouvrier qui reçoit deux francs par jour sur la caisse commune, épuise une ressource qu’il aurait dû garder pour la vieillesse ou la maladie, et de plus il s’endette. Une famille, un célibataire même ne vit pas avec deux francs par jour. Ajoutez que les jours de grève entraînent nécessairement plus de dépense que les jours du travail. Il faut tuer le temps, voir les amis, vivre dehors, et cela coûte. Que la grève se prolonge quelques mois, vous vous trouverez en présence de pauvres gens ruinés, découragés, qui désespéreront de joindre jamais les deux bouts, et qui n’auront plus de goût à la besogne. Faites donc toutes les concessions possibles, et n’attendez pas à demain si vous le pouvez faire aujourd’hui.

Le plus grand vice de la grève, c’est qu’elle nuit également aux deux parties. Tandis que le patron et l’ouvrier se regardent en chiens de faïence, chacun comptant sur la fatigue et le découragement de l’autre, ils se ruinent parallèlement. Ne vaudrait-il pas mieux s’entendre tout de suite, puisque l’on a besoin les uns des autres et qu’on est sûr d’en venir là tôt ou tard ?

Les États souverains, lorsqu’ils veulent terminer