Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les hommes ne manquent aux emplois. Prenez cent officiers au hasard : il y en a pour le moins deux ou trois dans le nombre qui feraient des amiraux sans reproche ou de bons maréchaux de France.

Quand nous avons perdu Saint-Arnaud, Castellane, Pélissier, Bruat, Hamelin, Romain-Desfossés, et tant d’autres militaires, dont quelques-uns avaient plus que du talent, le peuple les a regrettés sans doute, mais il ne s’est pas demandé avec inquiétude comment on pourrait les remplacer. L’armée était là, la flotte était là : il n’y avait qu’à prendre et le choix ne manquait pas, Dieu merci ! Dès qu’il s’agit de remplacer un homme d’État, un Billault, un duc de Morny, tout le monde s’émeut, non-seulement les amis du pouvoir, mais ses adversaires qui raisonnent. Car, enfin, c’est nous qui payons les fautes de nos gouvernants : il nous importe donc que l’Empereur ait toujours sous la main un certain choix d’hommes capables. Nous avons donc le droit d’envisager avec mélancolie ce petit état-major de personnages politiques qui vieillissent, qui meurent et qui ne se recrutent pas.

C’est en vain que le pouvoir les déplace, les transpose et les multiplie par le mouvement comme ces quatre soldats du Cirque qui, passant et repassant devant les yeux du spectateur, figuraient une armée entière. Quand on arriverait, par