Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/188

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vous savez s’il taillait des croupières à M. Guizot. Il n’en était pas moins un ministre possible, et très-possible, et ses collègues de l’opposition constitutionnelle étaient possibles tout comme lui. Le roi pouvait, sans avilir la majesté du trône, leur donner gain de cause un beau matin et dire : « Décidément, vous êtes dans le vrai ; vos idées me semblent plus justes que celles de mes ministres actuels : gouvernez à leur place ! » Ce qu’il fit, un peu trop tard, au mois de février 1848.

M. Thiers, de son côté, pouvait sans déshonneur, et même avec beaucoup d’honneur, accepter le portefeuille. Pourquoi ? parce qu’il n’avait jamais, dans l’ardeur des discussions les plus acharnées, contesté les principes fondamentaux de la monarchie, ni attaqué la personne du roi parce que ni lui, ni ses amis, ni ses électeurs n’avaient aucun parti pris contre ce pouvoir irresponsable qu’on appelait le trône.

Il s’était fait le champion de certaines idées, contraires aux idées de M. Guizot, mais n’avait pas renoncé au doux espoir d’appliquer ses théories lui-même, au nom du roi. Le jour où il eût pris le portefeuille aurait été un triomphe non-seulement pour lui, mais pour ses électeurs. En devenant ministre, il ne désertait pas ses principes : il les intronisait.

Transportez la scène en 1865. Supposons que de-