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les fonctionnaires, sont travaillés par un véritable besoin de vie indépendante. Ceux même qui font leur deuil de toutes les libertés politiques aspirent à voir couper cette multitude de ficelles inutiles qui enchaînent chaque citoyen au pouvoir central.

Si plusieurs millions de citoyens sont encore indifférents à la liberté de la presse, faute d’avoir appris à lire, il n’y en a pas un qui fasse bon marché de la vie municipale et de ses plaisirs aussi légitimes qu’inoffensifs.

Se gouverner à l’amiable, entre soi, dans les petites choses ; décider d’un commun accord les questions d’utilité communale ; confier l’exécution des vœux publics à un homme choisi par le public ; épargner, dépenser ses écus comme on l’entend, sans contrainte ni pression d’aucune sorte ; surveiller l’emploi de son argent, faire en un mot de la commune française une association un peu plus large que la famille, mais régie par des lois assez fraternelles pour qu’on n’y trouve jamais ni vainqueurs ni vaincus, ni oppresseurs, ni opprimés : voilà ce que tous les Français demandent à l’envi, voilà ce qu’ils pourraient obtenir aujourd’hui même sans ébranler l’Empire sur ses fondements.

On promet de décentraliser bientôt les communes ; mais nous savons comment on a décentralisé les départements en 1852, et le souvenir bride un peu notre espérance. Quand le peuple des départe-