Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/235

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tois et publié en fort bons termes dans le Moniteur du 6, m’a ravi par un air de bonne foi et de modération. Notez que je ne connais ni M. Robin ni les frères Davenport ; je n’ai vu ni le théâtre sincère et public du prestidigitateur, ni les salons que ces Américains transforment en théâtre ; mais, depuis plusieurs mois, j’ai les oreilles rebattues de ces Davenport, et il me tardait de les voir en présence d’un brave homme un peu plus clairvoyant que le vulgum pecus d’Angleterre ou d’Amérique.

Il faut vous dire que je reçois depuis assez et trop longtemps un journal intitulé l’Avenir, moniteur du spiritisme. C’est ce qu’on appelle, en langage familier, une feuille de chou hebdomadaire. Il n’y a pas un petit journal de province, un Figaro de Brives, un Charivari de Pont-à-Mousson, qui soit aussi vide et aussi nul que ce moniteur là. Or, il est en grande partie dirigé par des médiums, c’est-à-dire par des messieurs qui évoquent Socrate, Cicéron ou Lamennais, les font entrer dans un pied de table, et les obligent d’écrire en français médiocre un supplément à leurs œuvres posthumes.

Érasme, Lamennais, Platon, que sais-je encore ? sont les collaborateurs malgré eux de ce joli petit journal. Dans quel style on les fait écrire, je vous laisse à deviner. Le roman est remplacé par une foule de canards sérieux, solennels, comme l’histoire du pape Pie IX, médium voyant, qui tout en