Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et M. Robin ont de quoi se consoler. Il leur reste l’estime de tous ceux qui ne font pas sauter la coupe, la sympathie cordiale des bonnes gens qui ne vendent point de miracles. Et grâce à Dieu, j’aime à croire que c’est encore une imposante majorité.

Les frères Davenport assurent qu’on les calomnie lorsqu’on explique leurs malins tours par des causes naturelles. Calomnie est un bien gros mot, qui d’ailleurs me semble impropre. Le monde est plein de gens qui ont fait des choses plus belles, plus utiles et plus difficiles que de gratter un violon dans une armoire avec un peu de farine dans la paume des mains. Nous avons M. Émile Augier qui a fait des comédies, Mme Sand qui a fait des romans, M. de Lamartine qui a fait des poëmes, M. Kœberlé qui a fait des opérations, M. Claude Bernard qui a fait des découvertes, M. Ruhmkorff qui a fait sa bobine, et cent mille autres qui ont été plus agréables et plus utiles au genre humain que les deux frères Davenport. Interrogez tous ces gens-là, ils vous diront de bonne grâce que les puissances surnaturelles ne leur ont pas donné le moindre coup de main. Si quelqu’un les accusait de faire faire leur besogne par de petits volatiles invisibles, ils crieraient à la calomnie, et cette fois je pense qu’ils auraient raison.

Je connais un certain Rossini qui a écrit des mé-