Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/28

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qui coûtent le plus cher ; que l’exercice le plus honorable est celui qui consiste à dépenser beaucoup d’argent. Les petites filles d’aujourd’hui ont encore des poupées, mais ce n’est plus pour s’amuser. C’est pour les faire voir, pour s’en parer aux yeux des autres fillettes, pour dire ce qu’elles coûtent, pour humilier tout enfant qui n’en a pas une si belle et si chère.

Mettez en face deux gamines, dont chacune a dans les bras une poupée Huret : la poupée de quarante francs humiliera celle de trente, d’abord parce qu’elle a les bras articulés, mais aussi, mais surtout parce qu’elle coûte dix francs plus cher. Une petite fille élégamment vêtue regarde de haut en bas celle qui s’ébat en blouse de toile, mais l’autre prend sa revanche au même instant :

« Votre père a-t-il des chevaux ?

— Non.

— Hé bien ! mademoiselle, mon père en a quatre à l’écurie. »

Il n’y a pas à répondre un seul mot ; la petite fille en blouse doit prendre le pas sur l’autre. Interrogez tous les valets et tous les enfants riches de Paris !

Deux marmousettes causent ensemble sur les bambins de leur connaissance.

« Moi, dit l’une, j’ai quatre amoureux.