Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/292

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Le peuple naïf de ces contrées n’a jamais perdu l’habitude de financer au tronc de sainte Odile et de se laver les yeux à sa fontaine miraculeuse. Tous les propriétaires du couvent, moines, séculiers, voire laïques, ont trouvé une ressource abondante dans l’obole des pèlerins.

Il y a douze ans que le patriotisme alsacien s’est mis en tête de ressusciter le monastère Sainte-Odile. On a fait une souscription dont le chiffre, si je ne me trompe, s’est élevé à 45 000 francs. L’évêque actuel de Strasbourg, au nom du diocèse, a racheté et restauré la ruine. Il en a fait une auberge vraiment originale, qui conserve la forme et le nom du couvent. Le premier personnage est un aumônier fort discret : il ne se montre guère qu’à l’église. L’abbesse, ou mère, préside aux soins de la cuisine et de la comptabilité. Elle installe les voyageurs dans leurs cellules, règle le menu des repas, et présente la carte à payer. La cuisine est médiocre, et surtout monotone en diable ; les vins, fournis par l’évêque, qui est un des plus riches vignerons du pays, ne valent pas précisément ce qu’ils coûtent ; le service est assez mal fait par des servantes cloîtrées, qui ignorent généralement le français. La ferme annexée au couvent est confiée à des frères porteurs d’eau, bouviers, laboureurs, faucheurs, etc., tous ignorants à faire peine et sales à faire peur. L’eau manque trop souvent dans