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temps, ne soit pas mort à la peine : il n’est pas mort parce qu’il vient chaque année passer un mois dans ce pays-ci, parce qu’il grimpe aux vieux châteaux comme un chat, parce qu’il se laisse rouler en boule dans ces précipices inoffensifs.

Un autre mérite du lieu, c’est que le carnaval des toilettes y est tout bonnement impossible. Les robes de Bade et de Trouville ne tiendraient pas une heure dans ces sentiers. De bons souliers solides, de bons tissus bien résistants, voilà le seul luxe permis aux jolies femmes et aux dandies.

Enfin, cette excellente vie a l’avantage de coûter un peu moins que rien. Quoique le couvent de Sainte-Odile fasse des affaires d’or, je défie les viveurs les plus déterminés d’y dépenser plus de cinq francs par jour. Que vous en semble ?

Il y a peu de fortunes en Alsace, et les riches de nos contrées sont enclins à garder leur argent. Si les bains d’air qu’on prend dans les Vosges n’étaient pas d’un prix modéré, on ne verrait pas la population de la plaine se jeter dans les montagnes aux approches de l’été.

Depuis sept ou huit ans, chaque site un peu remarquable s’embellit d’un chalet aussi hospitalier, sinon aussi fameux que le couvent de Sainte-Odile. Le peuple des villes y court. Nos petits chemins de fer départementaux, à dix centimes par station, transportent les citadins jusqu’au pied de la mon-