Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/337

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long. Comment se replaceraient-ils du jour au lendemain, puisqu’on assure qu’il n’y a pas assez de travail pour les typographes ? Ils souffriront, c’est inévitable. Mais ils n’auront pas même la consolation de se dire qu’ils expient leurs propres fautes. Après avoir prêté les mains aux sottises d’autrui, ils tendront le dos pour le compte d’autrui ; ils sont aujourd’hui les instruments et seront demain les plastrons de la Société typographique !

Mais le plus beau de cette affaire, c’est que les malheureux croiront faire acte de dignité en subissant le despotisme de leurs égaux !

Et que dire de cette Société typographique qui prétend nous ramener à cent ans en arrière, et ressusciter, au nom du progrès, le régime industriel de 1765 ? Je n’exagère rien : les prétentions qui ont été formulées vont droit au rétablissement des corporations. Lorsqu’on aura chassé les femmes de l’imprimerie Crété, on les chassera de toutes les autres : c’est logique. On procédera ensuite à l’expulsion des étrangers ; puis on mettra dehors tous ceux qui n’adhéreront pas aux statuts de la Société, ceux qui auront la prétention de rester libres, ceux qui voudront se soustraire à « l’organisation souterraine et dictatoriale du compagnonnage. » De progrès en progrès on ira loin sur cette pente, et nous verrons bientôt le gentilhomme typographe, comme autrefois le gentilhomme ver-