Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

250 francs tombés à l’eau. Je perds, en me levant, plus que je ne gagnerai dans la journée.

Et vous, lecteur ? Car il est bien certain que presque tous ceux qui me lisent s’intéressent au cours de la Bourse avec plus de raison que moi.

Et je ne suis pas un joueur ! ni vous non plus, monsieur ; ni ces millions de citoyens français qui ont du papier dans leur portefeuille. S’intéresser aux mouvements de la Bourse n’est plus un vice, ni même un travers : c’est une nécessité de la vie telle qu’elle est depuis quarante ans.

Le total de la richesse française peut être évalué à 120 milliards au minimum ; dans ce total, la propriété foncière entre pour 80 et les valeurs mobilières pour 40. Il suit de là que dans nos fortunes, petites et grandes, il entre un tiers de papier.

Plus nous irons, plus la proportion du papier sera considérable. Le papier envahit tout, transforme et remplace tout. Combien de maisons et de fermes, grâce au Crédit foncier, vont circulant de main en main, sous forme de papier ! Or, le papier, s’il a des avantages incontestables, a le tort d’encourir les soubresauts quotidiens de la hausse et de la baisse. Le bourgeois qui possède cent mille francs en terres et en maisons peut dormir sur les deux oreilles : il est sûr de s’éveiller aussi riche qu’il l’était en se mettant au lit. Mais si l’on a cent mille francs en papier, on court la chance d’en