Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/377

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des hommes multiplie les distinctions entre ses associés. Il est d’ailleurs assez ridicule d’appeler Tartempion illustre et Barbanchu très-illustre. Un bourgeois de Paris, ou même de Strasbourg, peut acquérir dans la maçonnerie les titres de chevalier, de prince et de souverain prince, ce qui n’a pas le sens commun. Ces vieilleries ont fait leur temps ; on les a maintenues dans la nouvelle constitution pour une raison toute financière : c’est que les titres et les hochets maçonniques payent l’impôt de la vanité.

Cette réforme faite, il restera la loge, l’humble atelier maçonnique où les plus honnêtes gens de la ville iront fraterniser ensemble, échanger amicalement leurs idées et s’instruire les uns les autres. Voilà le fond de la maçonnerie, ce qu’il faut respecter, honorer et étendre, s’il est possible, sur toute la surface du monde. Concevez-vous rien de plus pur et de plus beau, malgré toutes les malédictions du saint-père ? Dans un temps affairé comme le nôtre, quand la plupart des hommes, enfoncés dans la mêlée des intérêts matériels, n’ont d’autres récréations que le jeu, le café et Mlle Thérésa, on crée des oasis morales où les passions s’apaisent, où l’esprit se retrempe, où le cœur s’élève et s’élargit. Les hommes les plus éclairés de chaque ville se rassemblent à jour fixe, et chacun d’eux, écartant les préoccupations de la