Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/53

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— Je dis que tu te moques de moi, et que tu n’es pas aimable pour un ami qui devrait être couché depuis hier soir.

— Demande à ces messieurs ! Ils te diront tout d’une voix que ma maison n’est pas la seule où l’on constate ce phénomène. C’est partout la même histoire ; fais un tour dans les salons de Paris, et tu verras ! Vous autres provinciaux, quand vous voyez une fille de deux cent mille francs coiffer sainte Catherine, vous entrez en défiance, vous soupçonnez des tares occultes, vous vous dites qu’il y a quelque chose là-dessous. Vous cherchez si les parents n’ont pas été en cour d’assises, si la jeune personne n’est pas épileptique ou si elle n’a pas eu des familiarités trop vives avec un petit cousin. À Paris, mon garçon, les filles de vingt-cinq ans n’étonnent plus personne. On sait qu’elles ont monté en graine, avec leur dot, parce que les hommes n’en ont pas voulu.

— Mais pourquoi ?

— Interroge ces messieurs ! Tu as là toute une tablée de célibataires. Moi, je suis marié ; si je plaidais la cause du célibat, j’aurais l’air de me plaindre, et d’accuser quelqu’un, ce qui est à cent lieues de ma pensée. »

Un bambin de dix-huit ans qui fumait un gros cigare en frisant l’espoir de sa moustache, prit la parole avec aplomb et dit :