Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/58

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chases du monde, comporte aujourd’hui tant de dépenses que les célibataires intelligents ne s’y frottent plus.

— Mais, monsieur, répondis-je, il n’y a pas de plaisirs sans peines. Le bonheur coûte peut-être un peu plus cher Paris qu’en province, mais il est conséquemment plus vif ! »

Un autre interlocuteur, homme de quarante ans environ, partit comme une fusée :

« Le bonheur ! s’écria-t-il, de quel bonheur voulez-vous parler, je vous prie ? Je suis veuf, moi, et je vous jure qu’on ne me reprendra plus à ce bonheur-là. Je ne regardais pas à la dépense ; ma fortune n’est que trop grande pour le profit qu’elle m’a fait ! De tous côtés on m’offrait des dots à choisir j’ai dit : Non ! Puisque j’ai le moyen d’épouser une femme qui me plaise, prenons-la pauvre, elle nous en saura gré. J’ai donc fait une parvenue ! J’ai élevé à moi une de ces pauvres désolées qui promènent dans le monde un sourire forcé, triste amorce où personne ne mord ! Moi, j’ai mordu, v’lan ! Il y avait une famille, j’ai fait un sort à la famille.

« On m’a prouvé, chiffres en main, que pour produire mademoiselle et la mettre en lumière on s’était endetté de cent mille francs. J’ai payé. Il ne me restait plus qu’à encaisser mon bonheur : Ah ! la belle plaisanterie ! Ma femme avait dit comme