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son argent, et il vend le tout aux malades, plus ou moins cher, suivant les lois de l’offre et de la demande. On vient chez lui comme au marché, faire emplette de santé ; s’il commet une tromperie ou une bévue, il la paye.

Ici, rien de pareil. Le médecin est un particulier que l’État prend tout jeune et qu’il élabore pendant six ans, pour le rendre supérieur aux autres hommes. Lorsque le candidat, ou le surnuméraire, a dépensé six années de sa vie et 20 000 fr. de son argent, l’État lui fait subir un examen final, et le déclare apte à guérir toutes les maladies. Il l’investit d’un pouvoir illimité, que Molière (un vieil auteur français) a défini en vers macaroniques :

Ego cum isto boneto
Venerabili et docto,
Dono tibi et concedo
Virtutem et puissanciam
Medicandi,
Purgandi,
Seignandi,
Perçandi,
Taillandi,
Coupandi,

Et occidendi
Impune per totam terram.

Ces vers sont empruntés à une pièce fort comique, qui date de presque deux siècles. Le pro-