Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/90

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scientifique, il n’y en a pas une qui sorte de l’École ou des hôpitaux. Que vous en semble ?

Au moins l’enseignement payera-t-il à la France ce qu’il lui coûte ? Je n’en suis pas bien sûr. Il est très-brillamment organisé, et médiocre au point de vue scientifique. Il sert à maintenir un bon niveau moyen, mais c’est tout.

Ce qui préoccupe bien autrement mon amour-propre national, c’est la création d’un enseignement libre à côté et souvent au-dessus de l’école. Chaque fois qu’un docteur jeune ou vieux a quelque chose à enseigner, il ouvre un dispensaire particulier, invite ses confrères à l’entendre et s’improvise orateur. Orateur n’est pas le mot : les orateurs sont assis dans les chaires de l’École ; mais il professe ce qu’il sait, et, n’étant pas payé pour allonger la corde, il s’arrête dès qu’il n’a plus rien de nouveau à nous dire. J’ai suivi plusieurs de ces cours et j’y ai rencontré bon nombre de médecins étrangers attirés à Paris, comme moi, par la renommée de l’enseignement officiel. Nous entendions professer dans ces cliniques libres ce que l’École répétera dans quinze ou vingt ans. Nous y prenions des notes, puis nous allions à l’École, comme au spectacle, et nous applaudissions l’éloquence ou l’esprit d’un admirable parleur.

Voilà cher maître et vénéré beau-père, les impressions d’un loyal Américain sur cette illustre