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CAUSERIES.

du public. Le fait est que l’orchestre et la galerie, sans témoigner une hostilité qui eût été de l’irrévérence envers un des plus beaux génies de notre temps, se sont un peu roidis devant les vérités de la comédie. L’opposition, fort décente d’ailleurs, a cessé ; il n’en reste qu’un certain esprit d’abstention dans certaines classes du monde. J’espère que ce mauvais vouloir, ou plutôt ce malentendu, ne durera pas longtemps. Il serait étrange, en vérité, qu’une partie de Paris boudât contre son plaisir et se refusât l’occasion d’entendre une des œuvres les plus curieuses et les plus éminemment littéraires qui se soient produites depuis dix ans !

La critique des grands journaux est toujours intéressante à suivre, mais surtout au lendemain d’une solennité comme celle-là. On veut entendre l’un après l’autre les hommes généralement distingués qui gouvernent chaque lundi l’opinion publique. Ils sont tous, ou presque tous, plus éclairés, plus instruits, plus lettrés que les autres spectateurs de la première représentation ; ils peuvent donc redresser les arrêts absurdes ou précipités de la foule, sans toutefois les heurter de front. Il faut rendre cette justice aux vrais critiques parisiens, qu’ils ont fait pour le mieux, et que les plus sévères n’ont pas oublié un seul instant qu’ils discutaient l’œuvre d’un maître. Ceux qui admiraient sincèrement la pièce, comme Théophile Gautier et Nestor Roque-