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GAËTANA.

redingote. Lorsqu’il rentre à la maison, plus de foulard. Même histoire le lendemain et les jours suivants, jusqu’au onzième. Il était furieux, en dedans, mais il ne se plaignit à personne. Il fait coudre le dernier foulard au fond de sa poche et il sort comme d’habitude. En arrivant sur la place d’Europe, il sent ou plutôt devine une main patiente et délicate qui le tirait doucement en arrière. Il se retourne et saisit le bras d’un jeune homme de quinze ans, un de ces enfants perdus qui fourmillent sur le pavé de Naples…

CAPRICANA.

Et il conduit son voleur en prison ?

MARTINOLI.

Non. Il prit à deux mains ce bras débile et mal nourri qui aurait ému la pitié d’un « gendarme[1] » ; il l’appuya sur son genou, le cassa comme une baguette de bois sec et poursuivit doucement, à petits pas, sa promenade matinale, tandis que le malheureux filou se roulait dans la poussière en hurlant de tous ses poumons.

CAPRICANA.

Brrr !… j’ai froid dans le dos. Vous garantissez le fait ?

MARTINOLI.

C’est moi qui ai « étouffé[2] » l’affaire.

CAPRICANA.

Alors les galants n’auront pas beau jeu dans la maison.

MARTINOLI.

Non.

CAPRICANA.

Heureusement, personne n’a songé à se mettre sur les rangs.

MARTINOLI.

Vous croyez ?

CAPRICANA.

Dame ! oui, je crois.

  1. La commission d’examen a substitué partout le mot sbire au mot gendarme.
  2. Instruit. Commission d’examen.