Page:About - Germaine.djvu/109

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ses dépenses personnelles était un secret entre son tiroir et lui.

Ne croyez pas cependant qu’il affichât l’égoïsme odieux de certains maris qui jettent l’argent sans compter et veulent connaître à un centime près les déboursés de leurs femmes. Il accordait à la duchesse autant de liberté pour les petites dépenses qu’il s’en réservait pour les grandes. Il était toujours cet homme poli, prévenant et tendre que la pauvre femme adorait jusque dans ses fautes. Il s’informait de sa santé avec une attention presque filiale. Il lui répétait au moins une fois par jour : « Vous êtes mon ange gardien. » Il lui donnait des noms si doux que, sans le témoignage des miroirs, elle aurait pu se croire à vingt ans. C’est quelque chose, cela ; et le plus mauvais mari n’est méprisable qu’à moitié lorsqu’il laisse une douce illusion à sa victime. Un grand artiste qui a vu notre société avec les yeux de Balzac, et qui l’a mieux dessinée, M. Gavarni, a mis ce singulier jugement dans la bouche d’une femme du peuple : « Mon homme, un chien fini ; mais le roi des hommes ! » Traduisez la phrase en style noble, et vous comprendrez l’amour obstiné de la duchesse pour son mari.

Cependant le vieillard descendait rapidement tous les échelons qu’un homme bien né peut descendre. Lorsque le bruit de sa nouvelle fortune se fut répandu dans Paris, il retrouva au Bois un certain