Page:About - Germaine.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les femmes contemplaient en lui une ruine qu’elles avaient faite et qui tenait bon, malgré tout. Dans un certain recoin de la société, on fait plus de cas d’un vétéran qui a mangé cent vingt mille livres de rente que d’un soldat qui a perdu deux bras sur le champ de bataille.

Il suivit cette société sur tous les terrains où elle se transporte. Il fut assidu aux premières représentations des petits théâtres ; on le remarqua aux avant-scènes des Folies-Dramatiques. Le respect de son nom, qui l’avait accompagné dans la première moitié de sa carrière, parut l’abandonner sans retour. Il devint en deux mois le vieillard le plus affiché de Paris. Peut-être aurait-il mis plus de retenue dans sa conduite si le bruit de ses actions avait pu arriver jusqu’à sa famille. Mais Germaine était en Italie ; la duchesse était cloîtrée au faubourg ; il n’avait rien à ménager.

Le contraste de son nom et de sa conduite lui fit en peu de temps une popularité de bas étage dont il se laissa enivrer. On le vit, à la sortie du spectacle, dans un café du boulevard du Temple, entouré de figurants au menton bleu et de comédiens infimes qui buvaient du punch en son honneur, le contemplaient de tous leurs yeux éraillés, et se disputaient la gloire de serrer la main à un duc qui n’était pas fier. Il tomba plus bas encore, s’il est possible. Dans un temps où les Porcherons sont bien passés