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Page:About - Germaine.djvu/119

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vont avec leur père, et en sortent comme ils y sont entrés. On n’y trouve pas cette austérité de mœurs, cette vie patriarcale, ce ton parfait, ce langage digne et soutenu qui règne dans les vieux salons du faubourg, mais on y danse convenablement, on y joue sans tricher, et l’on n’y vole pas les paletots dans l’antichambre. C’est dans une de ces maisons que le duc tomba en présence de Mme Chermidy.

Elle le reconnut au premier coup d’œil, pour l’avoir vu le jour du mariage. Elle savait qu’il était grand-père de son fils, père de Germaine et millionnaire aux dépens de don Diego. Une femme de l’étoffe de Mme Chermidy n’oublie jamais la figure d’un homme à qui elle a donné un million. Elle n’aurait pas été fâchée de le connaître de plus près, mais elle était trop fine pour risquer un pas en avant. Le duc lui épargna les trois quarts du chemin. Dès qu’il sut qui elle était, il se présenta lui-même, avec une impertinence dont le spectacle eût réjoui toutes les honnêtes femmes de Paris. Rien ne flatte plus profondément les femmes vertueuses que de voir traiter sans façon celles qui ne le sont pas.

Le duc n’avait pas l’intention d’offenser une jolie femme et de renier en un seul jour la religion de toute sa vie ; mais il parlait aux gens dans leur langage, et il croyait savoir la nationalité de Mme Cher-