assez. La campagne est divisée en une multitude de propriétés agréables, ornées de châteaux qui s’écroulent. J’ai visité quelques jardins ; ils sont généralement plus habitables que les maisons attenantes. Il y a de la ferme, du château et de la chaumière dans ces taudis aristocratiques qui gardent un air de grandeur au milieu de leur délabrement. Si nous louons la villa Dandolo, nous n’y serons peut-être pas mal. Il suffira de poser quelques carreaux aux fenêtres. L’exposition est admirable, au midi, sur la mer. Un jardin hérissé de belles choses. Les voisins sont des nobles ; quelques-uns parlent français, dit-on. Mais qui sait si nous aurons le temps de faire leur connaissance ?
Je ne regretterai pas le séjour de la ville, quoiqu’on y vive assez bien. Elle est jolie et me rappelle Naples en quelques endroits. L’esplanade, le palais du lord commissaire et les environs forment une ville anglaise. Les Anglais ont construit aux frais des Grecs des fortifications gigantesques qui font de la place un petit Gibraltar. J’assiste tous les matins aux manœuvres d’un régiment d’Écossais, dont les cornemuses font mon bonheur. La ville grecque est ancienne et curieusement bâtie : maisons hautes, petites arcades, et une jolie tête à chaque fenêtre. Le quartier juif est hideux, mais il y aurait des perles dans ce fumier pour le crayon de Gavarni. La population est grecque, italienne, juive,