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Page:About - Germaine.djvu/154

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et pénétrant comme votre voix, ma bonne mère. Je m’imagine, par instants, que ce bon soleil, ces arbres en fleur, ces oiseaux qui chantent, sont autant d’amis qui demandent grâce pour moi et qui ne me laisseront pas mourir. Je voudrais avoir des amis par toute la terre, intéresser la nature entière à mon sort, émouvoir les rochers eux-mêmes, pour qu’au dernier moment, il s’élevât des quatre coins du monde une telle plainte et une telle prière, que Dieu en fût touché. Il est bon, il est juste ; je ne lui ai jamais désobéi, je n’ai fait de mal à personne. Il ne lui en coûterait pas beaucoup de me laisser vivre avec le reste, confondue dans la foule des êtres qui respirent. Je tiens si peu de place ! Et je ne suis pas chère à nourrir.

Par malheur, il y a des gens qui porteraient le deuil de ma guérison et qui ne se consoleraient pas de me voir en vie. Que faire à cela ? Ils sont dans leur droit. J’ai contracté une dette, je dois la payer si je suis honnête fille.

Ma chère maman, que pensez-vous de M. de Villanera ? Comment le juge-t-on à Paris ? Est-il possible qu’un homme si simple, si patient et si doux soit un méchant homme ? J’ai rencontré ses yeux il y a quelques jours pour la première fois ; c’est de beaux yeux, et l’on s’y tromperait aisément.

Adieu, ma bonne mère ; priez pour moi, et tâchez d’obtenir que mon père vienne un jour à l’église